Lycée Antoine Watteau

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Histoire

Reprise de

PUBLICATION DU COMITE DE SAUVEGARDE DU
PATRIMOINE VALENCIENNOIS

« Du Collège de Jeunes filles jusqu’au Lycée Antoine Watteau »
Histoire des bâtiments et des cours dispensés de 1880 à nos jours
Conférence donnée le 16 avril 2009 dans le cadre du centenaire de l’inauguration du Collège de jeunes filles de Valenciennes
 Alain Cybertowicz, professeur de mathématiques
 et Hervé Hornez, professeur d’histoire et de géographie.


Dans ce document, les informations historiques et les précisions sur l’enseignement sont fournies par Hervé Hornez, professeur agrégé d’histoire et géographie au lycée Watteau, et les informations sur les bâtiments et leur évolution dans la ville sont fournies par Alain Cybertowicz.

L’enseignement des filles aux XIXe et XXe siècles

La situation de la femme au XIXème siècle se caractérisait par un maître mot: « infériorité ». Une loi de 1800 lui interdisait de porter le pantalon ; un décret de 1892 l'a amendé en l'autorisant à le porter quand elle faisait du cheval ou du vélo ! Le code Napoléon de 1807 la frappait d'incapacité juridique. Il lui était interdit de signer des contrats, de gérer ses biens propres sans l'autorisation du mari. L'adultère féminin était plus durement sanctionné (3 mois à 2 ans de prison contre une simple amende pour un adultère commis par le mari). Le droit de vote n'a été accordé aux Françaises qu'en 1944 contre 1930 aux Turques et 1893 aux Néo Zélandaises.

L'enseignement destiné aux filles s'inscrit dans cette perspective. Il se caractérise par un long retard par rapport aux garçons jusque dans les années 1920 : il y a toujours un décalage de plusieurs dizaines d'années entre la scolarisation et le contenu de l'enseignement entre les garçons et les filles. Puis à partir de 1945 c'est la « revanche » des filles qui réussissent mieux au Bac que les garçons. Il existe aussi un décalage en ce qui concerne l’enseignement primaire…Contrairement à une idée reçue, ce n'est pas Jules FERRY qui a créé l'école primaire, mais en 1833 la loi Guizot fait obligation aux communes d'ouvrir et d'entretenir une école mais uniquement pour les garçons (Dans les faits cependant, un certain nombre de filles était néanmoins scolarisé). En 1833, 1 200 000 garçons étaient scolarisés pour 730 000 filles. En 1850 : la loi Falloux ouvre largement l'enseignement aux congrégations religieuses mais fait aussi obligation aux communes de plus 800 habitants d'ouvrir une école pour les filles. Résultat : en 1850, 1 800 000 garçons étaient scolarisés pour 1 500 000 filles, c'est à dire les 2/3 de l'ensemble des filles (la moitié par des congrégations). Enfin Jules Ferry par les lois de 1881/1882 crée l'école primaire obligatoire (jusqu’à13 ans), gratuite et laïque. Ce sont ces 3 caractéristiques qui font que Ferry est entré dans l'histoire mais comme fondateur de l'école républicaine car sur le plan de la scolarisation presque tous les enfants, garçons comme filles, étaient déjà scolarisés, cependant les filles l’étaient à 60% par des congrégations.


C.P.C.M.

Il y avait aussi un décalage en ce qui concerne l’enseignement secondaire… Quand Napoléon Bonaparte crée en 1802 les Lycées, et en 1808 le baccalauréat, il ne pense qu'à former une élite très restreinte de garçons. A l'époque on estime que les filles n'ont pas besoin de faire d'études longues car leur fonction sociale est de s'occuper de la maison et d'être de bonnes mères et de bonnes épouses. Et on pense de toute façon qu'elles n'ont pas les capacités intellectuelles pour faire des études abstraites. Une première évolution se produit sous le second empire avec le ministre Victor Duruy qui fonde en 1867 des cours secondaires publics pour jeunes filles mais qui sont payants (de 15 à 20 F par mois), non obligatoires et laissés à la discrétion des communes. Il ne s'agit donc pas encore des lycées. L'enseignement dispensé y reste toujours différent de celui des garçons en lycée : outre les « travaux d'aiguilles », la littérature, une langue vivante et quelques rudiments de science. Ils furent ouverts dans une quarantaine de villes dont Valenciennes qui en ouvre un en 1867, appelé cours de l’Hôtel de Ville. Mais son existence fut brève (moins d'un an).

C.P.C.M. : Collection Particulière Claude Martin

La laïcité

À partir de 1870, date de la proclamation de la IIIe République, les Républicains ont bien conscience qu'ils ne peuvent réellement triompher qu'en gagnant la bataille culturelle contre l'Église qui s'opposait à la démocratie et au rationalisme. D'où le discours de Jules Ferry de la salle Molière en 1870 : « Celui qui tient la femme, celui-là tient tout, d'abord parce qu'il tient l'enfant, ensuite parce qu'il tient le mari... Il faut que la femme appartienne à la science ou qu'elle appartienne à l'Église ». C'est dans ce contexte qu'est adoptée en 1880 la loi Camille Sée créant un enseignement secondaire (collège et lycée), public, féminin. Mais il n'était ni obligatoire ni gratuit.

C.P.C.M.

La ville de Valenciennes prit donc l'initiative d'ouvrir en 1880 un « Cours secondaire » d'abord installé à l'hôtel de ville avec une classe d'une dizaine d'élèves. En 1886, ce cours devint un collège et déménagea au 16 de la rue des Capucins.

« Selon certaines sources, les cours de l’Hôtel de Ville auraient été dispensés pendant quelque temps aux Écoles Académiques »

« Puis les cours ont été réellement dispensés dans l’Hôtel de Ville »

courrier de 1884 de Madame Cornélie Frache, directrice des « Cours de l'hôtel de ville » au maire de Valenciennes

« Ci-dessus, un courrier de 1884 de Madame Cornélie Frache, directrice des « Cours de l'hôtel de ville » au maire de Valenciennes. Le nombre d'élèves augmentant très rapidement, il faut songer à créer un établissement spécifique qui s'appellera « collège de jeunes filles » La Ville achète à M. Amédée Dieudonné et Mme Juliette Ruffin son épouse une maison particulière, dotée d'un très grand jardin, au 16 rue des Capucins pour la somme de 6866,67 Francs. Les travaux commenceront très vite...

C'est à cet emplacement que serait né en 1546 l'historien Henri d'Oultreman (D'après André Gauvin, Petite histoire des rues de Valenciennes) »

L’annuaire de Valenciennes de 1876 précise qu’au 16 rue des Capucins existait déjà un pensionnat privé de demoiselles tenu par mesdames Colsenet et Magnier ; mais qu’il en existait aussi d’autres en ville, tous privés :

A.M.V. : Archives Municipales de Valenciennes

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Plan Mariage

A A

A.M.V.

A : 16 rue des Capucins

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p10

« Le collège de jeunes filles au 16 rue des Capucins. Ce bâtiment se trouvait juste en face de l’actuelle entrée du lycée Notre Dame. Il a été utilisé de 1886 à 1905. » « Tout au fond de la rue, on voit la Maison Espagnole à son emplacement d’origine, rue de Mons… Elle a été déplacée vers la fin des années 1960. »

« Le réfectoire et le dortoir des grandes, vus de la cour. »


p11

11bas

C.P.C.M.


p12


Le dortoir des petites

p13

La Classe Enfantine

Un cours de Physique C.P.C.M.

p14

Une partie de croquet

A.M.V.

p15

A.M.V.


« Mademoiselle Saladin, professeur de lettres »

A.M.V.

« Mademoiselle Poëtte, professeur de lettres »

« Le nombre d’élèves augmentant rapidement, un projet d’agrandissement voit le jour. »

p16

A.M.V. Album Mariage

« Mais ce projet d’aboutira pas, car les élus ont une autre idée… »

« Le démantèlement des fortifications a été voté par une voix de majorité au conseil municipal… »

p17

C.P.M.G. C.P.C.M.

« Ce démantèlement permet la création des boulevards et libère des espaces… »


C.P.M.G. : Collection Particulière Marc Goutierre

p18

C.P.C.M. C.P.M.G.

« Installation du bras de décharge de la Rhonelle sous l’emplacement actuel du boulevard Watteau »

« A noter que dans ce projet le musée se trouvait de l’autre côté du boulevard et que le collège de jeunes filles est appelé « lycée »

p19

A : 16 rue des Capucins B : Emplacement du futur musée C : n°35 bastion des Capucins D : Emplacement libre au 20 boulevard Pater

Album Mariage


« Cette photo extraite de l’album du Lieutenant Mariage a été prise vers 1891, là où se trouve actuellement le rond point devant le Lycée Watteau à la jonction des boulevards Watteau et Pater… »


p20

C.P.M.G.

« Le collège a été construit à cet endroit. »

B

Origine SIAV. Reproduction Alain Cybertowicz.

A

« Plan de souterrains permettant de sortir des fortifications » A : Entrée actuelle dans l’infirmerie B : Emplacement de l’actuel bloc scientifique

B

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A.M.V.

1903

Projet de façade de 1903 par l’architecte Paul Dusart


« Projet de façade de 1903 par l’architecte Paul Dusart du bâtiment à l’intersection de la rue des Capucins et du boulevard Pater. On remarquera que sur ce plan l’horloge et son grenier n’existent pas. La rue Jean Doudelet est le prolongement de la rue des Capucins jusqu’au boulevard Pater. »

L'augmentation du nombre d'élèves conduisit la municipalité (qui à l'époque était responsable des collèges) à décider en 1903 la construction d'un nouveau bâtiment pour le collège à l'emplacement de notre lycée. Cet établissement ne portait pas encore le nom de Watteau. Les travaux se déroulèrent de février 1904 à la fin de l'année 1905 (22 mois de travaux) pour une première rentrée dans les locaux actuels en janvier 1906 c'est-à-dire 3 ans et demi avant l'inauguration de juin 1909. La raison de ce décalage est qu’aucun ministre n'était disponible pour donner du relief à la cérémonie.

Le coût de la construction s'est élevé à 858 000 F financés par moitiés égales par l'État et la commune. Le collège est qualifié à l'époque de « Palais scolaire » à cause de sa modernité. L'eau était fournie par des canalisations et non par des puits, la présence de « bains douches » en 1909 qui étaient encore rares à l'époque chez les particuliers, l'existence de laboratoires pour les cours de sciences, l'installation en 1907 de « jeux de tennis » sur un terrain vague à côté du collège.

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A.M.V. A.M.V.


C.P.C.M.

A.M.V.

« Cette table était réservée aux artistes valenciennois. »


« Le banquet a eu lieu à l’hippodrome, place Poterne. »

« Le banquet a eu lieu à l’hippodrome, place Poterne. »

« À la sortie du banquet »
« À la sortie du banquet »


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C.P.C.M. C.P.C.M.



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C.P.C.M. C.P.M.G.

« Les grès utilisés pour les soubassements, jusqu’à plus d’un mètre de hauteur, proviennent des fortifications. »

« Le musée en construction. On remarque que le collège de jeunes filles est construit et habité. »

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C.P.C.M.

Ce collège reçoit en fait des élèves dès le primaire (dès les classes enfantines, c'est-àdire 3 ans) jusqu'à la fin de 5ᵉ année du secondaire, soit 18 ans. Elles sont ou externes ou demi-pensionnaires ou internes. Le coût de la scolarité en 1912 est de 60F par an pour une externe dans le primaire ; 576F par an pour une interne dans le primaire ; 130F par an pour une externe en 5ᵉ année du cycle secondaire et 675F par an pour une interne du cycle secondaire. (A titre de comparaison, un mineur gagnait à l'époque en moyenne 5 francs par jour, soit environ 1500 F l'année)

C.P.C.M.

Le collège est confronté à la concurrence d'établissements privés comme un établissement de la rue des Foulons tenu par 3 dames, le pensionnat de la Sagesse par exemple. Il doit donc proposer un enseignement de qualité pour séduire les parents.

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C.P.C.M.

C.P.C.M.


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C.P.C.M.

C.P.C.M.


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C.P.C.M.

C.P.C.M.


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C.P.C.M.

C.P.C.M.


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C.P.C.M.

C.P.C.M.


L'enseignement dispensé au collège de jeunes filles avant 1914 Il est toujours différent de celui des lycéens : pas de latin ni de philo, car l'objectif n'est pas de passer le bac (jusqu'en 1913).

Les Républicains étaient sans doute démocrates, mais pas féministes : l'enseignement secondaire avait pour objectif de former de bonnes épouses et de bonnes mères et n'avait pas de vocation professionnelle, d'ailleurs dans la bonne bourgeoisie, il était mal vu qu'une femme travaille.

Les matières enseignées étaient à forte dominante littéraire : la littérature, une langue vivante, l’histoire et la géographie, un peu de physique, de chimie et de sciences naturelles et enfin de la musique, du dessin, des travaux d'aiguilles et des cours d'enseignement ménager.

L’année scolaire

Elle se déroule d’octobre à fin juillet, du moins en théorie, car une hausse de l’absentéisme scolaire se manifestait à partir de début juillet : le ministère décida de faire terminer l’année après la distribution des prix à la mi-juillet. Plusieurs fêtes ont lieu dans l’année pour créer un esprit de corps entre les élèves : la fête de rentrée avec spectacles d’artistes professionnels à l’initiative de la directrice, la fête de Ste Catherine avec théâtre, musique réalisés par les élèves en présence des familles, l’arbre de Noël pour les primaires, un voyage de fin d’année (Compiègne, ST Quentin) pour les plus âgées, une cérémonie de distribution des prix en fin d’année avec présence des notables locaux.

Le rythme scolaire

Une journée se déroule de 8h du matin à 18h avec 4 heures véritables de cours, entrecoupés de récréations, d'études et de cours d'aiguilles ou d’art ménager. Voici l’organisation d'une journée-type :


8h - 9h Cours


9h - 9h15 Récréation

9h15 - 10h15 Cours


10h15 - 10h30

Récréation


Cours

10h30 - 12h

Récréation, goûter

12h - 12h30

Repas

12h30 - 14h Etude 14h - 15h Cours 15h - 15h15 Récréation 15h15 - 16h15 Etudes, travaux d’aiguilles 16h15 - 17h Etude 17h - 18h

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En moyenne dans la semaine les jeunes filles ont 20h de cours de matières « intellectuelles » pour, selon les textes, « ménager la puberté féminine ».

De l’instruction, mais aussi de l’éducation

Pour contrer l'influence des congrégations auprès des familles bourgeoises, l'enseignement public devait veiller à inculquer des valeurs morales (selon la formule de Ferry: « une école sans Dieu ni roi, mais pas sans morale »…politesse, respect, discipline (avec tableau d'honneur, note de comportement, et bien sûr punition : privation de sortie pour les internes ou départ en vacances plus tardif), des conférences de savoir vivre étaient organisées, mais aussi des valeurs empruntées au registre religieux comme la condamnation de la gourmandise, du mensonge, de la jalousie, et solidarité à l'égard des pauvres: les objets réalisés lors des cours d'aiguille étaient distribués aux enfants pauvres des écoles laïques.

Les enseignantes

Tous les enseignants étaient de sexe féminin à l'époque. Leur métier était sans doute plus astreignant que celui des professeurs actuels car elles devaient assurer 16 heures de cours par semaine, surveiller les récréations et être à la disposition des familles pour les renseigner sur l'évolution de la scolarité des enfants (leurs adresses étaient d'ailleurs publiques). Elles étaient avant la première guerre mondiale inspectées chaque année. C'était par conséquent une sorte de sacerdoce civil qui explique que nombre de ces enseignantes, devant choisir entre le mariage et le métier, ne se mariaient pas (pour une proportion des deux tiers à l'échelle nationale).

Le D F E S : Diplôme de fin d’études secondaires Il sanctionnait la fin du cursus scolaire vers 18 ans, mais n'était qu'honorifique en quelque sorte puisqu'il ne débouchait ni sur l'enseignement supérieur ni sur une profession. Il comportait des épreuves écrites (littérature, sciences, langue étrangère) et orales (histoire, physique...).

Une preuve de succès auprès des familles : les effectifs 1906

1909

1913

Effectif total

271

311

305

Dont internes

47 %

39 %

33 %

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Sociologie des élèves

Les élèves du collège sont issues en majorité de la petite et moyenne bourgeoisie dont les familles sont assez aisées pour payer les cours mais pas pour les doter richement et faire par conséquent de riches mariages avec des enfants de la haute bourgeoisie. Par conséquent, la nécessité de travailler après les études et grâce aux études se fait de plus en plus pressante. Or le D F E S n'est pas suffisant, c'est pourquoi beaucoup d'élèves préparent d'autres examens comme le Brevet Elémentaire qui permet de devenir institutrice, ou le Brevet Supérieur pour enseigner dans les écoles primaires supérieures ou les écoles normales d'institutrices. En 1912, 12 élèves obtiennent le brevet supérieur et 20 le D F E S (au prix d'un surmenage qui inquiète la directrice!!). En 1913, le rectorat décide d'introduire des cours de dactylo et de comptabilité pour les jeunes filles qui se destinent aux métiers de plus en plus nombreux du tertiaire (PTT...)

Le Bac enfin

Si Julie Daubié (Wikipédia) est la première femme à obtenir (à 37 ans !) le BAC en 1861 c'est comme auditrice libre, elle était déjà institutrice et n'a pu se présenter que grâce à l'intervention de l'impératrice Eugénie. Par la suite à peine une candidate était reçue par an. Le BAC était pourtant le sésame nécessaire pour faire des études supérieures et accéder à des professions qualifiées. Mais l'égalité fut difficile à obtenir jusqu'en 1909, date à laquelle les cours de latin, indispensables pour se présenter au bac classique, commencèrent à être donnés au collège.

C.P.C.M.

C’est en 1913 que les premières collégiennes du collège de jeunes filles purent enfin tenter et obtenir le fameux BAC.

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C.P.C.M.

C.P.C.M.


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C.P.C.M.

C.P.C.M.


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C.P.C.M.

C.P.C.M.


C.P.C.M. C.P.C.M.

« Le boulevard Pater a été créé dans les années 1890. Il évoque le peintre Jean Baptiste Pater (1695 – 1766) et son père sculpteur (1670 – 1747). »

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C.P.C.M.

C.P.C.M.


C.P.J.G.

La première guerre mondiale

« Défilé des troupes allemandes devant le musée. Pendant la guerre, le musée devient Kommandantur et le collège de jeunes filles devient hôpital militaire. »

C.P.M.G.

Le collège devient hôpital français d'abord, puis allemand. Les cours sont dispensés rue Jehan de Liège pour le primaire, rue de Mons et au 3 boulevard Pater pour le secondaire.

C.P.J.G. : Collection Particulière Jérôme Guilleminot

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C.P.M.G. C.P.M.G.

« Une équipe sanitaire dans la cour du pan coupé. »

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C.P.M.G.

C.P.M.G.


C.P.M.G. C.P.M.G.

Dès 1919, l’établissement reprend son fonctionnement normal.

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L'entre-deux-guerres

C.P.C.M.

C.P.C.M.

Des changements importants concernent l'établissement : en 1921 le collège devient lycée national ; en 1924 il prend le nom de Watteau après délibération du conseil municipal qui a hésité avec d'autres noms comme Jeanne de Flandres, Madame d'Epinay... ; en 1924 encore : le décret Bérard instaure la parité entre l'enseignement secondaire à destination des filles et garçons dans les contenus et les objectifs : désormais les mêmes disciplines aux contenus similaires sont dispensées aux filles. A partir de 1930 : gratuité de la scolarité des établissements secondaires publics (en 6ème d'abord puis pour toutes les classes en 1933, année qui vit toutefois l'instauration d'un examen d'entrée en 6ème). En 1935, le lycée compte 450 élèves.

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A.M.V.

« Décret de 1921 de la création du lycée national de jeunes filles de Valenciennes. L’ouverture étant fixée au 1er octobre 1921. Il y a environ 300 élèves. »

« En 1924, le décret Bérard permet la parité entre l’enseignement secondaire filles / garçons dans les contenus et dans les objectifs.

C.P.C.M.

En 1924 le lycée de jeunes filles prend le nom de « lycée Watteau ». Ce nom a été choisi parmi un certain nombre de propositions : « Watteau », « Carpeaux », « Philippa de Hainaut », « Jeanne de Flandres », « d’Epinay ». Le choix de « Watteau » s’est fait à l’unanimité, moins une voix, par le conseil d’administration du Lycée… Mais la ville a son mot à dire… Et les élus ne sont pas tous d’accord… »

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« Un conseiller fait remarquer que le nom de « Watteau » a déjà été choisi pour un square, un boulevard, pour une salle… Il ajoute que le nom de « Watteau » semble plutôt désigné pour être affecté aux écoles académiques… et qu’il faudrait plutôt chercher un nom dans les gloires littéraires, femmes si possible…

C.P.C.M.

Délibération du Conseil Municipal de Valenciennes.

Mais un autre conseiller va trouver les bons arguments : «… Nous devons tenir compte de l’avis du conseil d’administration du lycée… La dénomination de lycée Watteau… est très bien choisie et parfaitement appropriée… Le nom doux, tendre et harmonieux, « peintre du charme et la grâce » lui convient admirablement… ». Le nom est adopté par 12 voix contre 8… ! »

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47

C.P.C.M.

C.P.C.M.


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C.P.C.M.

C.P.C.M.

La seconde guerre mondiale

Nous passerons plus rapidement sur cette période pourtant bien sombre de l'histoire de notre pays et du lycée car elle est abordée dans une communication.

Le lycée est réquisitionné en mai 1940 par l'armée française pour devenir le Q G de la 1ère armée. Puis avec la défaite et l'occupation, les Allemands le transforment en Kommandantur et en prison où ont été internés et souvent torturés de nombreux résistants (dans les caves du lycée ou au 18 boulevard Pater, siège de la GFP (Geheime Feldpolizei), police militaire secrète, organe de l'Abwehr lui même service de renseignements de l'armée allemande). Une nouvelle fois, les élèves sont obligées de migrer vers d'autres locaux : une maison particulière rue du Neuf- bourg pour l'internat, des cours sont donnés rue du Cariot ou rue Mathieu de Quinvigny ou encore place Froissart, ou au lycée Wallon pour les petites classes du collège. « 1939. La guerre est déclarée. L’armée française réquisitionne le lycée… Mais elle est très vite remplacée par l’armée allemande qui y établit sa Kommandantur…. De nombreux patriotes de la région sont incarcérés dans l’établissement, interrogés, torturés avant d’être déportés ou fusillés…. Les locaux ont été profondément transformés et ont souffert de cette occupation…. Le dessin est de Corinne Lelong, élève de 1ère D en 1979 – 1980, sur la couverture d’une publication de plus de 170 pages sur le thème du lycée Watteau pendant la guerre 1939-1945, historique et témoignages. Ce travail a été effectué sous la direction de Danièle Hache, professeur d’Histoire et de Géographie au Lycée Watteau. »

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« Notre Lycée »

« La Kommandantur, le second étage où se trouvaient les cellules. »

« Notre Lycée »

« La Kommandantur, rez de chaussée. »

« La Kommandantur, le premier étage. A noter qu’une aile a été supprimée en 1967. » 50


A.M.V. inclusion Alain Cybertowicz.

« Un bunker aménagé par les Allemands pour accéder aux caves en cas de bombardement. Il semblerait que cette entrée soit adossée à l’ancienne salle d’éducation physique côté galerie des Capucins…. »

A.M.V.

Le 1er septembre 1944 les Allemands évacuent le lycée après avoir fusillé, la veille, plusieurs détenus dans l'enceinte du bâtiment. Le lendemain, 2 septembre, Valenciennes était libérée avec l'arrivée des premiers chars américains.

« Percement de communication entre les salles. Galerie Pater ? Galerie Capucins ? » 51


A.M.V.

« Début 1945. Les locaux sont mis à la disposition de l’armée américaine pour y installer un hôpital militaire (229th général hospital APO 513 US army). Les Américains ont entrepris de gros travaux qui ont été interrompus par la cessation des hostilités. Sur ce document il semblerait s’agir de la galerie des Capucins car la photo est accompagnée de la mention : « galerie des classes primaires. »

Le lycée continua à être une prison en septembre 1944 pour quelque 300 personnes soupçonnées de collaboration. Puis à partir de févier 1945, il redevint un hôpital militaire et les autorités américaines ne levèrent la réquisition que le 31 août 1945. Mais il était dans un état de délabrement extrême : la directrice, Madame Simon parle de « dévastation totale ».

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C.P.C.M.

Après 1945

« La guerre est finie… Les cours reprennent… En 1946 il y a 780 élèves et le lycée Wallon en a 680, d’après un compte rendu d’une fédération de parents d’élèves. »

« Mais il y a énormément de travaux à faire, et des remises en état… Voici un exemple en 1953 d’un projet d’aménagement du grand dortoir…

A.M.V.

Pratiquement tout est à refaire… L’électricité, les sanitaires, le chauffage central… »

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« Dans les années 1950, le nombre d’élèves augmente très vite. La ville fait l’acquisition de l’immeuble « Bocca », au 15 Place Froissart.

A.M.V.

A.M.V.

Les cours primaires se font dans ce lieu appelé le « Petit Lycée ». Mais le nombre de salles de classes est encore insuffisant… Il faut créer des préfabriqués… »

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C.P.M.G.

« A la fin des années 1950 et au début des années 1960 des cours avaient lieu dans des préfabriqués sur la Place Verte, en face de la galerie des Capucins. Ces locaux étaient chauffés au bois, et c’est Jules qui venait mettre des bûches… même pendant les cours. » « A tour de rôle les professeurs de gymnastique faisaient cours Place Verte, et la hantise de beaucoup de filles était de faire les enchaînements du bac devant les garçons qui sortaient du collège Notre Dame et qui « s’en mettaient plein les yeux » (citation d’une ancienne élève qui a vécu cette hantise).

C.P.C.M.

A

A : Aile supprimée en 1967 55


Photo A.C

« Aile supprimé en 1967 »

« En 1959 – 1960 un projet d’agrandissement de 28 classes de l’autre côté de la rue Louis Bracq est agréé par le conseil municipal. En 1961 les locaux de cette extension sont mis en service…Tous les élèves sont enfin réunis dans un seul et même établissement… Il y a 1600 élèves. »

Un pas vers la mixité : les premiers garçons apparaissent en classe de lycée en 1963 (des garçons se trouvaient cependant dans des classes de collège dès les années 50).

Photo A.C. : Photo Alain Cybertowicz

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L’évolution des bâtiments En 1961, ouverture de l'actuel collège Watteau (la séparation administrative intervient en 1976), à une époque où il comptait 1600 élèves. En 1967 construction de l'aile scientifique.

Photo A.C

En 1992, ouverture de l'hypokhâgne littéraire et en 1997 ouverture de la khâgne.

Photo A.C

« En 1966, construction du « bloc scientifique ». En 1970, le lycée devient mixte… mais il y avait déjà quelques garçons auparavant… »

« Entre 1972 et 1982 les régions sont créées… et en 1976 il y a séparation entre le Lycée qui dépend de la région et le collège qui dépend du département. Cette séparation provoque des mutations chez les derniers enseignants arrivés… »

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C.P.C.M. A.M.V.

« Sur ce plan on voit apparaître des traces de carrières souterraines dites « carrières du Château d’eau. » »

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C.P.G.C. C.P.G.C.

« Visite des souterrains en 1990. » (Photos d’André Bataille. Visiteurs : Paul Pierard, Guy Cavrois, Michel Cavrois)

Voir plan des souterrains page 20.

« Sur cette photo on peut mesurer la hauteur des salles qui se trouvent sous le boulevard Pater… » 59


Photo Voix du Nord Yves Huin.

« Le canal de décharge de la Rhonelle, sous le boulevard Pater. »

Photo A.C

« Il y a eu des changements à l’intérieur du lycée pendant l’été 1988, puisque les salles d’histoire - géographie ont déménagé du bloc scientifique vers les salles 300 actuelles. Le lycée Watteau devient alors l’un des rares lycées français à avoir des salles de classes avec poutres apparentes… »

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Photo M.F.F.

Photo A.C

« En novembre 1990, suite à un mouvement de lycéens, les élèves demandent le remplacement de l'escalier métallique extérieur de secours du CDI par un escalier intérieur. Ce remplacement se fait attendre et il faut une pétition des professeurs qui jugent ce passage trop dangereux pour qu'un escalier intérieur soit créé en 1993. »

Photo M.F.F. : Photo Marie Françoise Faux.

Photo A.C

« Après les mouvements de lycéens de 1990 un self est aménagé, et c'est une bonne chose. Par contre son entrée est une erreur d'architecture et fait plutôt penser à un séisme qu'à une association de styles... La grande « tour » abritant un escalier de sécurité s'intègre un peu mieux... »


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Photo A.C. Photo A.C.

« Les préfabriqués « provisoires » situés devant le bloc scientifique sont démontés, et remontés à « Fort Minique » (du nom d'un fort qui se trouvait à cet endroit dans les anciennes fortifications). Quatre autres préfabriqués neufs sont aussi installés... »

« Trois salles sont délocalisées aux « Chartreux », du nom d'un couvent qui se trouvait jadis à cet endroit... Elles sont, en général, attribuées aux professeurs de mathématiques qui n'avaient, à cette période, pas besoin de matériel spécifique... »

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Photo A.C.

« Dans les années 1990, construction de « l’extension » boulevard Pater, en lieu et place des bâtiments qui ont été détruits en 1967. »

La revanche des filles

En 1945, il y avait toujours plus de bacheliers que de bachelières : 4,8 % contre 3,7 % de la classe d'âge au niveau national. Mais en 1989 : les filles deviennent majoritaires. 41 % des filles contre 31 % des garçons ont obtenu le bac cette année là.

Enfin en 2006, 80 % des garçons présentés au bac l'ont obtenu contre 83 % des Filles Dans l'enseignement supérieur, on dénombre aujourd'hui 57 % de Filles (elles sont plus nombreuses en droit, lettres, sciences humaines qu'en sciences) par rapport au total des étudiants.

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Document Cabinet Oliver Parent.

« Le projet de rénovation du lycée choisi par la région. Architecte Olivier Parent. »

Le projet de rénovation du lycée choisi par la région. Architecte Olivier Parent

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Bibliographie

Mémoire de master d'Aline Stephan.

Histoire de la scolarisation des filles de F et C Lelièvre.

Histoire de l'enseignement et de l'éducation de F Mayeur.

L'école, l'Eglise et la République de Mona Ozouf.

Album du commandant Mariage (1891).

Petite histoire des rues de Valenciennes André Gauvin.

« Du collège de jeunes filles au lycée Antoine Watteau » 
Histoire des bâtiments et des cours dispensés de 1880 à nos jours. Il s’agit de la publication de la conférence donnée le 16 avril 2009, dans le cadre du centenaire de l’inauguration du lycée Watteau, par Alain Cybertowicz qui a fait toute sa carrière de professeur de mathématiques dans cet établissement et Hervé Hornez professeur agrégé d’histoire au lycée Watteau. Les bénéfices seront intégralement consacrés à la restauration de la maison scaldienne du moyen âge du 94 rue de Paris.

Remerciements

À Monsieur Martin qui nous a permis de photographier quelques unes des cartes postales de sa magnifique collection.

À Isabelle Martinez qui nous a aidées dans la réalisation de ce diaporama.

À Aline Stephan qui a écrit un mémoire de Master 1 d'histoire intitulé : « Recherches sur un établissement scolaire provincial de jeunes filles : le Collège de Valenciennes (1903-1914) ».

Aux archives municipales de Valenciennes qui nous ont aidés dans nos recherches.

À Marie Françoise Faux, que nous avons souvent sollicitée pour avoir une date... ou pour trouver quelqu'un qui pourrait nous donner la bonne date...

À Marc Goutierre, régisseur du Musée de Valenciennes, qui nous a fourni de nombreuses photos sur la période 1914-1918, ainsi qu'une photo du préfabriqué de la Place Verte.

À Guy Cavrois qui nous a procuré des photographies de sa visite des souterrains.

À tous les collègues qui nous ont aidés dans nos recherches.

À Geoffroy Turpin pour son dévouement, sa patience et ses compétences en informatique.

Photo Max Maréchal.

1ère S 2 et AlAain Cybertowicz 1983-1984

Hervé Hornez r

Pendant la conférence


COMITE DE SAUVEGARDE DU PATRIMOINE VALENCIENNOIS Président Jérôme Guilleminot Trésorier Claude Maenhout Secrétaire Alain Cybertowicz Siège : 6 rue d’Audregnies 59300 VALENCIENNES Secrétariat : 17 rue Emile Zola 59880 SAINT SAULVE Tel 0686719002 a.cybertowicz@wanadoo.fr


Contribution dérivée du site CSPV