Les terrils du valenciennois

De HP@2
Révision de 6 janvier 2013 à 21:12 par Mariano (discussion) (Les terrils du Valenciennois)

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Les terrils du Valenciennois

Si les terrils ont en principe une forme conique, les premiers étaient plats. Ils sont constitués de stériles. Les stériles sont les résidus de la houille, cette roche de carbone remontée des entrailles de la terre.

Une fois récupérés, ces déchets étaient stockés en monticules, qui se métamorphosaient progressivement en terrils. Pour se faire, une voie ferrée était installée sur la pente du terril, afin de déverser à son sommet les wagonnets chargés de stériles, tirés grâce à un treuil. La voie était bien entendu rehaussée et allongée en fonction de l’augmentation du volume de cette énorme masse. La houille (ou le charbon) fut découverte en 1720 à Fresnes sur Escaut, mais sa véritable exploitation commence en 1760. C'est ainsi que naît la première compagnie minière, la Compagnie des mines d’Anzin (Wikipédia). C'est le début de l’ère industrielle.

Plus de 330 terrils on été recensés dans le Nord et le Pas de Calais au plus fort de l'exploitation du charbon. Le bassin minier s’étendait sur une zone de 120 km de long et de 20 km de large environ. Elle partait de la Belgique pour se diriger vers le Pas-de-Calais. 80 communes ont possédé au moins un terril ! La plupart ont été exploités et arasés, mais il en reste encore aujourd’hui. Ils sont maintenant protégés et continueront à agrémenter notre paysage, puisqu'ils viennent d'être classés au Patrimoine de l'Unesco. Ils témoigneront ainsi de l'existence d'un riche passé industriel maintenant révolu.

Une trentaine de terrils environ ont été érigés dans le Valenciennois. Aujourd'hui, il en reste une dizaine. Certains, toujours aussi majestueux, ayant gardé leur aspect originel (Audiffret à Escaudain et Renard à Denain), d'autres, avachis, laissés en l'état après avoir été exploités en partie, ou aménagés en espaces de verdure. Il se trouvaient sur les communes d'Haveluy, d'Arenberg, de Bellaing, d'Escaudain, de Lourches, de Douchy, de Roeulx, d'Haulchin, d'Hérin, de Petite Forêt, de Denain, de Valenciennes, d'Anzin, de Beuvrages, de Raismes, de Saint-Saulve... Beaucoup ont disparu donc, mais certaines communes en possèdent toujours un.

Celui de Roeulx notamment présente une particularité.

CH-Roeulx-Terril.jpg
Il s'est formé non pas à l’aide du déversement des stériles par la traditionnelle voie ferrée, mais par un transporteur aérien !

À l'origine, dans les années 30, la Compagnie minière de Douchy (Wikipédia), outre son puits d'extraction de houille à la fosse Mathieu de Lourches, possédait également une unité de production de coke (Districoke) dans cette même ville. Dans le processus final de fabrication du produit, un lavage était nécessaire. Cette opération générait des fines de stériles, impossibles à stocker sur place. Il fallait donc trouver un emplacement pour les évacuer. Un terrain sur la commune de Bouchain fut trouvé. Il fut donc construit entre Lourches et cette ville un transporteur aérien pour relier le site industriel à l’aire de dépôt. Voilà comment est né le terril de Roeulx érigé sur la commune de Bouchain.

À l'inverse de ceux d'Audiffret et Renard, constitués de schistes rouges ou noirs bien solidifiés, le terril de Roeulx ne présentait pas de roches friables : il était composé de fines de charbon et de stériles. Un pylône de plus de 100 mètres de haut fut planté au centre de ce qui allait être le futur terril. Des câbles furent installés, reliant l'extrémité supérieure du pylône, à l'unité de production, distante d'environ 500 mètres.

Un peu comme le téléphérique qui amène les skieurs au sommet des pistes, on pouvait voir dans le ciel une noria de berlines se diriger vers le pylône. Arrivées à l'extrémité de celui-ci, un ingénieux système permettait d'ouvrir automatiquement le volet latéral de la benne qui libérait ainsi son contenu. Une fois vidées, les bennes redescendaient vers Lourches. Le terril prit lentement la forme conique que l'on peut voir sur la photo ci-jointe.

Le transfert des matières résiduelles cessa dans les années 60. Longtemps laissé en l'état, c'est seulement dans les années 80, que la société Terril SA, confia à l'entreprise Gagnereau, l'exploitation du terril. Le travail consistait à récupérer le charbon qui s'y trouvait encore, afin d'alimenter la centrale thermique d'Hornaing.

L'exploitation cessa vers la fin des années 1990. L'entreprise Gagnereau stabilisa et remodela tant bien que mal les milliers de tonnes de stériles ainsi traités, vestiges de l'activité minière. Etant donné la friabilité du matériau, des ravinements se créèrent, malgré les plantations censées stabiliser le sol. L'aménagement ne fut donc pas une réussite. Trop excentré, le terril n'intéressait pas la ville de Bouchain, alors, la commune de Roeulx décida de l'acheter en 1998 pour le franc symbolique.

La Région, par l'intermédiaire de l'Établissement Public Foncier, entreprit une nouvelle réhabilitation du site en espace naturel. L'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui, est maintenant définitif. Le terril de Roeulx est maintenant devenu une véritable zone de promenade. Deviendra-t-il un jour, une base de loisirs ?