Les hauts-fourneaux d'Escaudain

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Naissance des premiers hauts fourneaux

En 1850 (environ) l'usine sidérurgique appelée Denain-Anzin était implantée à Denain. Les premiers hauts fourneaux furent donc construits dans cette ville. L'espace étant espace relativement restreint, le complexe industriel s'est vite trouvé confronté à un problème : celui de son extension.

La première guerre mondiale éclate. En 1918, l'installation sidérurgique est pratiquement pulvérisée. Au sortir de la guerre, la société Denain-Anzin décide de reconstruire l'usine mais en doublant pratiquement sa superficie. Pour ce faire, des dizaines hectares de terres sont achetées à Escaudain. L'optique de la direction de l'époque était de construire des hauts fourneaux et ses installations connexes sur un espace proche de Denain où se trouvaient l'aciérie, le slabbing et le laminoir.

Les premiers hauts fourneaux ont donc été construits à Escaudain en 1920.

Vue générale en 1970

L'agglomération Dwight-Lloyd

agglomération Dwight-Lloyd. Au premier plan : des maisons près de la mairie d'Escaudain

Cette installation a été mise en service en 1960, pour être démolie 20 ans plus tard ! On y produisait des agglomérés à l'aide de poussier de coke, du minerai fin et d'autres matières additives. Au bout de la chaîne, il en sortait un produit solide et poreux envoyé vers les hauts fourneaux.

La fin de la sidérurgie à Denain

Dans les années 60, la demande nationale et mondiale d’acier était forte. Les usines produisaient à plein régime sans se soucier de la compétitivité. Les outils de production étant saturés, il devenait indispensable pour satisfaire les besoins, d’augmenter les capacités de production.

Afin d’abaisser les coûts d’approvisionnement des matières premières et des coûts de transport pour les expéditions de produits finis, la politique industrielle de l’époque privilégia les investissements dans de nouveaux complexes sidérurgiques situés en bordure de mer. C’est ainsi qu’est né à Dunkerque, dans les années 60, une grande unité de production d’acier, puis, peu de temps après, une autre à Fos sur Mer. Pour cette dernière unité, Usinor était réticent, mais devant l’insistance de Georges Pompidou, président de la république à l’époque, la grande entreprise entreprit la réalisation de ce complexe dans le Sud du pays. A défaut, le gouvernement menaçait de supprimer les subventions que l’état accordait annuellement... Le comité de direction de l’époque était partagé entre cette stratégie et l’autre, qui consistait à investir dans les outils de production existants, à Denain et à Longwy notamment. Les investissements auraient permis à ces usines, d’augmenter leurs capacités de production et d’améliorer leur productivité. Produisant davantage, avec des coûts forcément plus compétitifs, les nouvelles usines condamnaient forcément à terme celles construites au début du 20è siècle.

Un autre facteur important est venu également révolutionner le fonctionnement de l’entreprise : son changement de statut lors de sa privatisation dans les années 80. En effet, l’État Providence, actionnaire principal, a totalement retiré sa participation. Avec un statut privé, le management de l’entreprise devenait différent.

La privatisation de la sidérurgie française, entraina la mise en préretraite de nombreux sidérurgistes et la suppression de 20000 postes, principalement à Longwy et à Denain. La production française continuant d’être assurée par le transfert des carnets de commandes des usines fermées vers ces usines plus modernes. Avec un effectif réduit de 20000 personnes, pour une production identique, l’économie réalisée était phénoménale… Les bilans négatifs présentés chaque année pour obtenir les aides de l’État sont soudain devenus positifs…

Voilà comment l’usine de Denain et ses hauts fourneaux situés à Escaudain, ont été sacrifiés. Il est sûr que l’entreprise avait un effectif pléthorique. Il suffisait de connaître une personne « bien placée » pour entrer à Usinor. Mieux : si un individu était un bon joueur de football ou musicien, ou s’il fréquentait hypocritement l’église du Sacré Cœur à Denain chaque dimanche, pour se faire remarquer par certains membres de la direction qui assistaient aux offices religieux, la chance d’être embauché était plus grande…

Il faut bien qu’un jour, ces complaisances cessent, car une entreprise ne peut pas fonctionner indéfiniment en sureffectif. Les comportements de l’époque, voire les errements de certains dirigeants, ont évolué et la privatisation a mis un terme à cette spirale infernale à l’embauche non nécessaire. Si l’on ajoute les querelles intestines entre les départements internes, les investissements absurdes et certaines dépenses sans les contrôles budgétaires mis en place aujourd’hui et d'autres abus qu’il est inutile d’étaler, « l’étouffement » progressif de l’usine de Denain contribua à sa disparition. L’usine rayée de la carte, il resta 3 grandes unités de production d’acier : Fos, Florange et Dunkerque. Suite à des acquisitions fusion, Usinor changea plusieurs fois de noms pour enfin devenir Arcélor... et premier producteur d’acier mondial. Leader, ce fleuron français n’avait aucune raison de disparaître.

Et pourtant, lors d’une OPA hostile lancée par l’indien Mittal, Arcélor fut rachetée... avec la bénédiction du gouvernement qui criait haut et fort qu’il était nécessaire de garder une sidérurgie française. Depuis ce temps des fermetures d’usines ou d’arrêts de production temporaire (on sait ce que cela veut dire) se sont enchaînés.

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