Les rivières de Valenciennes

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Dans le Hainaut, il y a (et il y aura... tant mieux!) beaucoup de recherches sur l' Histoire de Valenciennes  : une marque officielle en est la double sculpture encadrant la Rhonelle et l’Escaut visible sur le haut de la façade de l'Hôtel de Ville de Valenciennes; cette sculpture appuyée sur des travaux de Jean-Baptiste Carpeaux et reconstituée après les deux Guerres Mondiales correspond à trois périodes en quête d’identité: les défaites de 1870, 1914 et 1940. Il fallait simplifier et fixer une histoire commune pour établir une communauté d’habitants.

En même temps l’histoire de l’Escaut et de la Rhonelle depuis mille-trois cents ans est révélatrice de l’évolution de l’occupation de l’Homme sur la Terre en général.

Visuellement, passer au-dessus de l’Escaut canalisé et des bras dits du vieil Escaut et du Bras de Décharge, tout cela laisse entendre qu’un volume important d'eau circule . Pas faux, mais d’où l’eau vient-elle ?

On peut prendre une carte et remonter le cours; on aboutit officiellement au bourg Le Catelet ; on suit les panneaux indicateurs et on aboutit à un monument érigé par des autorités historiques, commerciales et communales d’Anvers, la capitale portuaire de Belgique.

Les cartes d’avant les canalisations montrent une source régulière qui d’année en année avance vers Cambrai: la source est parfois copieuse, mais a des périodes de sécheresse: se rappeler qu’une source traduit un excès d’humidité dans les nappes phréatiques… lesquelles baissent de plus en plus depuis que l’Homme utilise la Nature pour ses actes de vie, agricoles, industriels et civils. Il est donc normal que l’eau parvienne de manière discontinue en fonction des pluies ! A la sortie du monument de la source, un « Canal des Torrens (sic) » recueille les excès d’eau d’au moins 20km parfois issus de l’ancienne source régulière.

Une grande donnée : dans les premiers villages desservis, le long de son cours naturel, les arbres n’ont pas été complètement abattus. Ne pas oublier que l’arbre sert et a toujours servi de régulateur des eaux de surface et petite profondeur par ses racines, ainsi que dans l’air par ses évaporations en tous genres si peu connues!

L’objectivité oblige à prendre en compte les interconnections de tous les canaux et rivières canalisées du nord du Bassin Parisien. Pour ce qui nous concerne, le canal principal de Cambrai s’appelle à l’entrée le canal de Saint-Quentin et à la sortie le canal de l’Escaut après mises en communs de certaines eaux de l’Escaut originel. Il en est de même pour la Scarpe et beaucoup d’affluents de l’Escaut...

Sauf que la Rhonelle n’est pas canalisée ! Née dans le contexte de la forêt de Mormal, véritable château d’eau résiduel du Hainaut Valenciennois et Maubeugeois, elle présente des traces d’une grande largeur ancienne, supérieure même à celle de l’Escaut! Plus que celle de l’Écaillon et de la Selle issus de la même forêt

La forêt était jadis très copieuse de Valenciennes à la forêt de Mormal, plus encore que l’Écaillon et la Selle. Comme nous l’évoquions plus haut, l’évolution des arbres et des nappes phréatiques a influé sur son débit. D’autant que Le Quesnoy et les champs et vergers des alentours ont toujours consommé beaucoup d’eau ; au point de devoir prendre une partie du débit de l’Écaillon par le canal de l’Écaillon pour actuellement desservir les fossés de la place-forte.

Toujours est-il que quand Valenciennes a utilisé la voie fluviale pour commercer jusqu’à l’actuelle Belgique, la Rhonelle a été fondamentale. On peut s’en rendre compte quand elle subit certaines inondations qui donnent à sa vallée une allure de large guirlande d’étangs !

Une nuance de taille à considérer: la nature des sols. La Rhonelle circule sur un terrain imperméable de surface au-dessus d’un « arrière-fond » de bord du massif des Ardennes. Peu d’infiltrations capables de « casser » son débit.

La vallée de l’Escaut présente, elle, des caractéristiques passionnantes pas encore toutes répertoriées et qui expliquent de plus en plus l’histoire et la géographie des « rivières » de Valenciennes !

D’abord il y a une faille, petite mais, suffisante, à la jointure du système des Ardennes et des plaines de Flandre et du Bassin Parisien, pour influer sur le dessin du cours d’eau, sur les usures du sol, sur les accumulations de roches plus ou moins perméables. Ensuite il y a une très faible pente en particulier dans le Valenciennois. Toutes ces conditions font qu’un vaste accueil de terres et végétations entretenant une forte humidité profonde a régné jusqu’à ce que l’Homme s’en mêle.

Et que l’écoulement apparent de l’Escaut est faible visuellement et face à une Rhonelle vigoureuse d’il y a moins de trois cents ans. L’histoire de la conquête urbaine de Valenciennes a suivi l’évolution des besoins et évacuations d’eau en même temps que celle des constructions de tous ses bâtiments !

À la hauteur de l’actuelle Trith-Saint-Léger, des marais dominaient sous la forme d’un marais dit marais de Bourlain. Les eaux de l’Escaut ont circulé dans ces éponges pleines suivant les fantaisies des déplacements de cours dûs aux inondations.

Cependant, si l’on veut bâtir, il faut évacuer l’eau autour de ce bâtiment... mais pas trop pour en amener suivant les besoins et assez pour évacuer les marchandises et déchets. Aussi suivant les siècles des cours de l’eau de l’Escaut originel et de la Rhonelle ont été tracés en fonction de certains besoins ; le ruisseau recueillant le Cavin et le Rôleur n’ayant jamais été assez productif hors grandes pluies.

Par rapport à nos sociétés hyper-organisées voire planifiées, les tracés dans Valenciennes n’ont pas toujours été prévus à l’avance, quand ils n’ont pas été improvisés au dépens de certains bâtiments existants ! Ainsi des cours d’eau se sont-ils chevauchés en pleine ville et ce malgré la faible pente existant entre Trith et Saint-Saulve et son marais équivalent à l’actuel marais de l’Epaix !

Les attributions politiques et militaires de Valenciennes ont amené tout autour la construction de remparts utilisant les cours d’eau à disposition.

L’industrialisation lente des années 1750 et lourde du XXè siècle a amené, outre la canalisation de l’Escaut encore et toujours visible de nos jours, le renforcement navigable d’un vieil Escaut pour le moulin Gillard et le moulin de Notre Dame aujourd’hui abandonnés. Un bras dit « de décharge » permet à partir de l’actuelle Chambre de Commerce d’entretenir l’humidité des sols, d’évacuer certaines eaux usées, surtout à la hauteur de l’ancienne station d’épuration, ainsi que les eaux d’inondations des quartiers dits de la Longue/Grande Chasse.

Que reste-t’il de manière productive de nos jours ?

  • suite à la baisse phréatique généralisée, le ruisseau des Cavin et Rôleur n’est visuellement productif qu’en période fort pluvieuse. Comme pour tous les cours d’eau, une nappe alluviale continuera tant que la nappe phréatique ne sera pas hors de sa portée.
  • à l’entrée de la Ville, un étang très remanié, l’Etang du Vignoble, complété de six petites sources ; cet étang est en communication avec l’Escaut
  • un large Escaut canalisé dont des eaux sont prélevées pour entretien hydrique à la hauteur de l’Ecole des travaux Publics en formant le premier demi-kilomètre du Vieil Escaut jusqu’à l’Écluse des Repenties
  • une Rhonelle qui aboutit à la dernière «tour de la Dodenne » de nos fortifications détruites. Sous la tour, une écluse envoie une partie de ses eaux sous la ville par deux canaux « petit et grand Bruille » vers la sortie de l’Écluse des Repenties.
  • A la sortie du parc des Repenties, le vieil Escaut et les « Bruille » issus de la Rhonelle passent par un pont en trois arches sous la vaste voie de chemin de fer ; les deux arches plus au Nord amènent de l’eau vers le Canal de Décharge qui traverse le quartier des Tertiales et se jette près du Marais de l’Epaix sur le territoire voisin de Saint-Saulve
  • l’eau qui passe sous la troisième arche forme le Vieil Escaut souterrain qui passe sous le Conservatoire de Musique, envoie de l’eau vers un canal des Carmes sous la rue Derrière-les Murs et sous la Place du Marché aux Herbes près de la monumentale agence de "la Poste"
  • à partir de la « Dodenne », le reste des eaux de la Rhonelle circule sous la ville rejoindre le Vieil Escaut sous la rue de la Poste
  • Sorti des dessous de l'actuelle Place du Général De Gaulle , le Vieil Escaut , après un passage sous et derrière le quartier de l’Intendance , sort de terre à la sortie du Boulevard Eisen, recueille ce qui reste ( par une canalisation) du ruisseau des Cavin et Rôleur au pied du Cimetière Saint-Roch. Après un passage remarqué dans ce cimetière, il rejoint le secteur de l’Epaix après avoir recueilli les surplus d’eau du Marais actuel. Le tout aboutit dans l’Escaut canalisé à la hauteur de l’Ecluse de Saint-Saulve.
  • Une rivière dite de la Tourelle partait de l’Escaut à la base du Faubourg de Cambrai pour entrer sous la ville à partir de la Place du Canada sous divers embranchements « sens dessus-dessous » dont la rivière Sainte -Catherine. Ce qui reste des nappes alluviales peut de temps à autre resurgir à l’occasion de fortes pluies dans la Valenciennois…

Remonter l’Histoire de ces Rivières, c’est faire un parcours passionnant dont la dimension ne sera complètement dévoilée que quand une série de recherches sur le Hainaut Valenciennois sera pérennisée ; des besoins d’asseoir Valenciennes dans une dimension culturelle sont de plus en plus pressants !